Page 200 - Livre Beau-Rivage Palace
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Fig. 8 Fig. 9 Fig. 10
la Harpe. Le dispositif du hall central sous verrière en forme de particuliers et même celle des domestiques étrangers », rappelant au pas- on a sans doute renoncé puisque chaque chambre possède sa pro- L’hôtel ouvre ses portes le 24 mars 1861. Il se présente sous
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cour intérieure, qui se développe sur toute la hauteur du bâtiment sage : « Dans leur projet du concours [ils avaient] apporté la plus grande pre cheminée. Ils font état également d’un « appareil des eaux chaudes la forme d’un bâtiment néo-classique de dix-neuf axes ponctué de
et est entouré de galeries aux étages, se rencontre fréquemment attention à ce que l’ameublement de chaque pièce [puisse] trouver convena- et fraîches» qui aurait dû probablement alimenter le robinet d’eau trois pavillons en légère avancée. En toiture, trois verrières éclairent
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dans l’architecture hôtelière, notamment dans la région lémani- blement sa place, car outre le ou les lits avec table de nuit, chaque pièce doit chaude prévu à chaque étage et que Rufenacht fait supprimer « es- le hall principal ainsi que les deux cages d’escalier de service et
que à l’Hôtel des Trois-Couronnes à Vevey de 1842, à l’Hôtel de avoir sa […] commode, lavabo, canapé, avec table près de la fenêtre, enfin timant que les tuyaux sont une cause d’ennuis et de dégâts et que le leurs courettes attenantes situées au centre des arrière-corps. Le
la Paix à Genève de 1865 et au Grand Hôtel de Vevey de 1867, deux ou trois chaises et [ils étaient] parvenus même dans les plus petites personnel est fait pour monter les brocs d’eau chaude dans les chambres décor, réalisé en molasse, est très sobre ; il se limite à des encadre-
aujourd’hui démoli. À l’ère de l’éclairage au gaz, le puits de lu- chambres à un résultat très satisfaisant, mais cela n’avait pas pu se faire des clients » . Ce dernier aurait encore fait disparaître, dans le but ments de fenêtres à légères crossettes et chambranles liés ainsi qu’à
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mière central est un élément apprécié des concepteurs de vastes sans étendre le bâtiment . » d’économiser l’eau, la salle de bains projetée à chaque étage , équi- des chaînes d’angle à refends aux niveaux inférieurs et en forme
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bâtiments, car il permet d’amener de la clarté au cœur de l’édifice. Renonçant à adapter le plan de Gindroz, les architectes sou- pement qui constituait alors un confort exceptionnel . On envi- de pilastres colossaux aux deux étages supérieurs. Le corps central
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Lieu de sociabilité par excellence et enseigne de l’établissement, il mettent alors une version restreinte de leur première proposition. Ils sage ensuite de placer quatre salles de bains dans une dépendance à se démarque par son attique couronné d’une balustrade découpée
est considéré comme la pièce maîtresse de tout hôtel par Eduard suppriment un axe dans chaque arrière-corps, les portant à cinq, et édifier au nord-ouest de l’hôtel, qui abriterait en sus « écurie, remise, de palmettes et de feuilles stylisées et son péristyle à colonnes som-
Guyer qui publie en 1874 un ouvrage qui fait date en matière réduisent les dimensions ainsi que le nombre des pièces communes ; fenil, bûchers, chambres nécessaires au service » . Celle-ci n’ayant pas été mées de chapiteaux ioniques. Disposés aux deux premiers étages,
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d’architecture hôtelière : « Le vestibule, autour duquel se groupent les des chambres, certaines avec salon, font leur apparition dans la partie construite, les cabines de bains sont finalement installées au sous- quelques rares balcons agrémentent les façades (fig. 11) .
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bureaux où les voyageurs sont presque tous appelés à se rendre pour leurs orientale du rez-de-chaussée , tandis que la salle à manger du per- sol de l’hôtel . À l’intérieur, le grand hall est particulièrement somptueux. Il
affaires, doit être très clair et proportionné à l’importance de l’établissement ; sonnel des hôtes est reléguée au sous-sol. Les espaces communs sont Les plans définitifs, dans lesquels les arrière-corps ne comp- est entouré de galeries sur ses quatre côtés dont les supports vont
il est surtout essentiel que le départ des escaliers ne soit pas obscur. Pour concentrés dans les parties occidentale et médiane : salle à manger tent plus que quatre axes, sont adoptés le 27 janvier 1858 par le se simplifiant en même temps que la hauteur des étages décroît : au
gagner du jour, on a d’ordinaire recours à des ciel-ouverts . » principale dans l’aile, « salle pour déjeuners et dîners particuliers, qui pourra conseil d’administration. Deux mois plus tard, celui-ci demande rez-de-chaussée, colonnes composites en faux marbre et pilastres
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servir de salle à manger pour l’hiver » et « petit salon servant de passage aux architectes de modifier la toiture trouvant : « La partie supérieure plaqués de marbre, colonnes doriques cannelées aux premier et
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L’ÉVOLUTION DES PLANS pour aller sur la terrasse » face au lac. À la demande des propriétaires, laissait quelque chose à désirer, la toiture trop uniforme ne correspondant deuxième étages, colonnes lisses au troisième et piliers au dernier
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Bertolini et la Harpe élaborent quatre projets successifs pour les architectes ont converti le vestibule du corps central en grand pas avec le reste de l’édifice . » Bertolini et la Harpe proposent alors niveau (fig. 12). L’ornementation des chapiteaux et des garde-corps
lesquels les plans manquent , tandis que le projet réalisé nous est salon qu’ils envisagent même, à contrecœur, de partager en deux d’établir « un attique sur chacun des corps de logis, soit ailes, à orient et en fonte, qui comportent, en leur centre aux premier et deuxième
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connu uniquement par des plans publiés postérieurement, en 1869 pièces distinctes, y plaçant dans cette perspective deux cheminées, à occident, comme sur celui du centre. Cet arrangement, très préférable au étages, des lampadaires de matériau identique, est conçue selon le
et 1874 . C’est donc au travers de documents écrits, en l’occurren- l’une en face de l’autre. En définitive, cette solution prévaudra et cet point de vue de l’art et du coup d’œil, parce qu’il rompt la monotonie des même principe dégressif qui traduit la hiérarchie des niveaux. En
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ce les mémoires accompagnant les deux premiers avant-projets et espace abritera un salon et un fumoir. Le hall est également simplifié ; toits continus, de chaque côté du corps de logis central, que présentait le pre- effet, en l’absence d’ascenseur – celui-ci sera installé en 1888 dans le
les rapports du conseil d’administration, que nous pouvons entre- aux deux escaliers symétriques à trois volées droites du concours se mier plan, a aussi l’avantage positif de permettre une augmentation notable jour de l’escalier principal – les étages inférieurs sont les plus prisés
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voir l’évolution de l’entreprise. Les architectes reçoivent comme substitue un seul escalier cintré à deux volées, tel que l’avait imaginé du nombre de chambres » . (fig. 10) et les mieux aménagés ; les appartements de luxe, avec chambre
premières instructions de remanier le projet Gindroz, le leur étant Gindroz. À ce stade du projet, il est encore prévu d’installer dans Les travaux débutent au printemps 1858 et la cérémonie of- et salon, se situent aux premier et deuxième étages dans le corps
jugé trop volumineux et trop onéreux ; son coût se monte en effet le hall « un plancher mobile pour monter et descendre les effets » . Cette ficielle de pose de la première pierre a lieu le 17 août 1858. Les central et dans les ailes latérales (fig. 13 et 14).
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à 830 000 francs contre 731 000 francs pour celui de Gindroz, pour innovation technique, présente dans le projet Gindroz, préfigure l’as- terrassements et la maçonnerie sont adjugés respectivement aux En 1874, Eduard Guyer estime que l’Hôtel Beau-Rivage
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respectivement 162 et 102 lits , alors que les promoteurs ne dispo- censeur dont le premier exemple en Suisse n’apparaît qu’en 1867 au entrepreneurs Louis Corbaz et Georges Krieg. La charpente est « a fait époque dans l’industrie hôtelière et […] peut être encore considéré comme
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sent que de 500 000 francs pour « le bâtiment, les dépendances, les cours, Grand Hôtel de Vevey ; elle sera finalement abandonnée à l’instiga- réalisée par Charles Regamey, la couverture en ardoise par Jean un modèle à plusieurs égards », notamment en raison de la qualité de
grilles, clôtures, loge de portier, arrangement de terrasse » . D’une capacité tion d’Alexandre Rufenacht , qui participe à l’élaboration des plans Schittenhel. La ferblanterie est confiée à M. Bouché, à condition l’éclairage, du fait « qu’à chaque étage le vestibule se prolonge jusqu’à la
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de seulement 86 lits, le premier avant-projet est encore devisé à en tant que futur directeur de l’hôtel. qu’il s’entende avec Charrière & Larpin, autre soumissionnaire. façade d’entrée, au Nord, de manière à y prendre un jour direct qui s’ajoute à
600 000 francs. Les architectes n’en sont pas satisfaits, le jugeant En matière de confort technique et sanitaire, les renseigne- Enfin, la dernière adjudication qui nous soit connue, celle des dal- celui du ciel ouvert ; ce principe est suivi également dans les corridors […] des
« trop exigu ». Ils auraient voulu donner « de meilleures dimensions ments sont congrus. Dans leur premier avant-projet, les architectes lages en marbre, est remportée par David Doret de Vevey pour le ailes latérales, mais il est vrai que c’est là un luxe considérable en même temps
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[aux] appartements ainsi qu’à la chambre des fumeurs, celle des dîners mentionnent un « chauffage à la vapeur (ou à arc ou eau chaude) » auquel rez-de-chaussée et par Turel de Lausanne pour le premier étage. que très judicieux, et que tous les hôtels ne sont pas en mesure d’imiter » .
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< Fig. 7 Samuel Késer-Doret architecte, Projet d’un hôtel pour Ouchy. Samuel Késer-Doret, architecte, Hôtel Beau-Rivage à Ouchy. Élévation de la façade principale telle que réalisée.
François Gindroz architecte, Ouchy. Hôtel Beau-Rivage. Plan général [et profil du terrain], [1857]. Projet du concours portant la devise : Projet d’un hôtel pour Ouchy. Façade au midi, [1857].
Façade au midi, [1857]. L’esprit est comme l’or, c’est l’usage qui en fait le mérite.
La verrière qui couronne le corps central est un ajout postérieur au crayon.
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