Page 203 - Livre Beau-Rivage Palace
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Fig. 11 Fig. 12 Fig. 13 Fig. 14
Le succès de l’hôtel est tel que trois ans après son ouverture, les vérandas sont agrandies tandis que le péristyle est transformé mis au pas à cet égard. Nous ne pourrions faire ces installations qu’aux nord en 1968, si bien que les deux arrière-corps sont actuelle-
une annexe est édifiée dans le parc sur les plans des mêmes architec- en jardin d’hiver au moyen de vitrages mobiles. L’année suivante, dépens de beaucoup de place dans notre hôtel actuel. Mieux vaut les faire ment pourvus d’un étage-attique . Adossée en contrebas, la pis-
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tes. Ce chalet de maçonnerie, à décor de brique et pignons retour- le conseil informe les actionnaires que « Beau Rivage doit être éclairé dans une annexe. En outre, ce qu’on demande beaucoup, ce sont des cham- cine couverte est réalisée en 1978 ; elle est transformée en spa et
nés, peut accueillir quarante-cinq hôtes supplémentaires (fig. 15). à l’électricité dans le plus bref délai possible, s’il ne veut pas déchoir de son bres à un lit, et nous en manquons aujourd’hui, ce qui nous fait perdre complétée par un bassin extérieur mis en service en 2005. Enfin,
Son architecture pittoresque contraste avec l’austérité du bâtiment rang » . Alors que cette commodité est de plus en plus répandue beaucoup de clientèle, surtout parmi des français. Ces chambres à un lit l’édifice est rénové de fond en comble entre 1997 et 2000. À l’oc-
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principal et renvoie à une image alpestre qui a de plus en plus la dans les hôtels de premier rang, son absence au Beau-Rivage sus- doivent d’ailleurs avoir un cabinet de toilettes : voilà encore une des exigen- casion de ce chantier, le péristyle retrouve sa fonction première de
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faveur des touristes étrangers. cite l’étonnement des clients. Ne faisant pas confiance à la société ces modernes ! » Les architectes Eugène Jost et Louis Bezencenet terrasse couverte.
électrique de Lausanne quant à sa capacité d’alimenter le grand élaborent le projet d’agrandissement dont le chantier débute en
LES TRANSFORMATIONS nombre de lampes que nécessite l’établissement, les administra- octobre 1905. Le nouvel édifice dénommé « Palace » ouvre ses por-
Au cours de son siècle et demi d’existence, le bâtiment est teurs font construire une usine électrique au nord de l’hôtel en tes le 19 juin 1908. Il peut accueillir 145 hôtes, mais ne compte
l’objet de multiples adaptations imposées par les progrès techni- 1895 . À cette date, deux cabinets de bains supplémentaires sont que seize chambres à deux lits.
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ques et les attentes d’une clientèle toujours plus exigeante en ma- aussi installés . Les deux entités sont reliées par un corps bas accolé à l’aile
tière de confort. Avant 1874, deux des chambres de l’aile orien- En 1897, en raison d’une baisse des recettes imputable en occidentale du premier bâtiment dont le rez-de-chaussée, qui abri-
tale sont transformées en billard et fumoir tandis qu’un salon de partie à la diminution de la clientèle hivernale, on envisage soit tait la salle à manger, est entièrement transformé. Y sont aménagés
lecture prend la place du fumoir d’origine. Cette modification d’installer le chauffage central soit de fermer le Beau-Rivage en un restaurant et un passage entièrement revêtu de boiseries réa-
témoigne d’une tendance qui ira toujours croissant de multipli- hiver et de louer un établissement à Cannes. La première solution lisées par la Menuiserie Modèle Albert Held de Montreux, dans
cation et de diversification des espaces communs. À la fin des an- l’emporte. L’exercice 1899 atteste les bienfaits de cette innovation ; un style conjuguant références néo-baroques et Art nouveau et
nées 1880, la réputation de l’hôtel a fortement baissé. Un nouveau pour la première fois en trente-huit ans, les recettes dépassent la s’apparentant à celui de la nouvelle construction. À chaque ex-
directeur entre en service en 1889 et découvre un bâtiment en barre des 600 000 francs, laissant un bénéfice qui représente les trémité de ce couloir, un cartouche, daté 1908 à l’ouest et 1861
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piteux état . La toiture fuit, les meubles sont usés, les rideaux dé- 40% des recettes . à l’est, rappelle les deux étapes de construction de l’établissement
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chirés; les chambres, trop grandes et chichement meublées, don- À partir de 1901, on projette d’augmenter la capacité d’ac- hôtelier (fig. 18).
nent l’impression d’être « vides et pauvres » . Le directeur propose cueil de l’hôtel. Les architectes Théophile Van Muyden et Eugène Dès lors, le bâtiment de 1861 va connaître plusieurs campa-
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notamment que le grand salon du rez-de-chaussée soit remis à Jost présentent un projet de surélévation impliquant la recons- gnes de réfections ponctuelles destinées à en améliorer le confort.
neuf : « Toute l’installation ne répond point aux exigences d’un premier truction intégrale du quatrième étage et l’adjonction d’un niveau Ainsi, les chambres sont jusqu’en 1962 progressivement équipées
hôtel et ce salon devrait être refait à fond et meublé à neuf. Le plafond doit (fig. 16 et 17). Pour le conseil d’administration, cette opération de salles de bains privées. En 1930, le rez-de-chaussée du corps
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être blanchi, la dorure rafraîchie, le papier changé et la boiserie vernie d’un permettrait non seulement de gagner cent lits supplémentaires, central est entièrement remanié . Grand salon et salon de lecture
ton plus foncé . » Il veut aussi que l’éclairage du hall soit amélioré : mais aussi de munir l’édifice d’une « toiture plus esthétique » . En sont réunis ; des doubles portes sont percées dans les parois la-
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« L’illumination dans le vestibule est misérable. Pour Beau-Rivage, c’est le effet, en regard des hôtels édifiés à la fin du siècle, tels l’Hôtel térales, entraînant la suppression des deux cheminées d’origine.
Kursaal, tout le monde s’y trouve après le dîner pour se réunir et actuel- du Château d’Ouchy voisin ou certains palaces de la Riviera lé- L’espace du péristyle qui avait été transformé en jardin d’hiver est
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lement il serait impossible de lire un journal ou une lettre . » Il estime manique, l’Hôtel Beau-Rivage avec ses façades peu ornées et sa incorporé au nouveau salon, la façade d’origine étant remplacée
en outre nécessaire la rénovation complète du quatrième étage car toiture discrète apparaît désuet. Mais l’idée d’exhausser le bâti- par quatre piliers. À la fin des années trente, les espaces communs
celui-ci « par l’installation de l’ascenseur, a pris une tout autre impor- ment est bientôt abandonnée au profit de la construction d’une sont à nouveau réaménagés, notamment le restaurant et le bar .
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tance et une fois qu’il sera arrangé en correspondance des autres étages, on annexe, qui, selon le directeur, constitue l’unique moyen de ré- En 1954 est réalisée la première transformation modifiant l’aspect
pourra très facilement le louer surtout puisqu’il y a des chambres à un lit pondre aux nouvelles attentes de la clientèle : « Les Américains ont extérieur de l’édifice qui avait jusqu’ici été relativement épargné.
qui manquent dans les autres étages » . Des travaux, avant tout de ra- introduit l’usage de cabinets de bains attenants aux appartements des Les arrière-corps sont surélevés du côté du lac pour permettre la
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fraîchissement des espaces communs, sont alors entrepris. En 1893, hôtels. Beaucoup d’hôtels en Suisse, à Genève, Zurich, Caux, etc., se sont création de huit nouvelles chambres. L’opération est répétée au
L’Hôtel Beau-Rivage et le chalet en chantier. Le hall de réception du Beau-Rivage. Hôtel Beau-Rivage à Ouchy. Plan du rez-de-chaussée. Hôtel Beau-Rivage à Ouchy. Plan du premier étage.
Photographie, 1864. Photographie, vers 1920.
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