Page 229 - Livre Beau-Rivage Palace
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 des deux parois latérales (rendues diaphanes par l’usage d’une baie   l’Univers à Bâle, le National à Lucerne, le Baur au Lac à Zurich,   promoteurs à construire selon des principes sanitaires alors reconnus.
 serlienne dilatée) et de la coupole de vitrail qui définit les pro-  le Marquart à Stuttgart, d’autres établissements encore à Francfort   D’autres infrastructures confortables sont à noter en particulier : un
 portions du carré central – notons au passage que les portées mises   sont ainsi investigués en janvier 1906. De façon générale, le comité   ascenseur Schindler dessert l’établissement, entièrement électrifié
 en œuvre ne sont rendues possibles que par l’usage de poutrelles   apprécie les décors Louis xv et  xvi, l’« Empire nouveau style » , les   et muni d’un chauffage central ; chaque chambre est dotée d’une
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 métalliques. Le hall est également recouvert d’une coupole, ma-  murs blancs rechampis or, les meubles en citronnier ou en acajou   salle de bains (qui sert aussi, grâce à sa disposition entre la chambre
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 çonnée cette fois-ci (en fait, un plafond plat porté par des gorges  « excessivement beau »  de la firme allemande Wirth. Finalement, le   et le couloir, d’isolation phonique). Les lavabos et les baignoires
 simulant une voûte se terminant en cul de four) ; il se complète   mobilier ne sera pas commandé auprès d’une seule maison mais de   sont en faïence, sauf au rez-de-chaussée où là, pour les suites les
 de plusieurs espaces latéraux (couloirs permettant de rejoindre le   trois, selon le principe de la « dispersion » des tâches (plutôt que la   plus prestigieuses, on utilisera du marbre… On pourrait multiplier
 jardin) et arrières (couloir central et ses deux vestibules octogo-  division, qui sous-entend un enchaînement inexistant ici, les firmes   à l’infini les exemples, tant les discussions sont fournies au sujet de
 naux, véritables « rotules » de la composition) pour créer son effet :   travaillant en parallèle) généralement appliqué dans les hôtels, censé   l’aménagement du Palace. Sans doute, les quelques photographies
 l’espace central est porté par des pilastres délimitant des arcades   assurer un meilleur délai de livraison. Ainsi, les maisons Zehrle &   conservées rendent-elles mieux compte de la qualité du résultat
 qui, elles-mêmes, s’ouvrent sur d’autres volumes (cubiques cette   Bussinger, à Bâle, Zemp à Emmenbrücke (« elle paraît honnête et capable   que les mots (fig. 10).
 fois-ci) également ajourés de portes et de fenêtres. La décoration   de bien fabriquer » ) et Aeschlimann à Meilen sont approchées en
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 sculptée et peinte contribue à appuyer ce discours sur la pro-  mai 1906 pour qu’elles fournissent des échantillons et en septembre,   FASTE ET SCIENCE
 fondeur, la troisième dimension, l’illusion de l’espace (voir le ciel   les choix définitifs sont opérés. S’ajoutera à ce trio la Société suisse      L’effet final devait paraître extrêmement moderne, là où l’hy-
 peint au plafond) et la lumière (qui met en valeur la sculpture et   d’ameublement, une firme lausannoise. La prudence avec laquelle   giène rejoint le luxe. Les styles Louis xvi ou Empire conjugués au
 le décor au coloris pâle). Pourtant, la tridimensionnalité même de   ces entreprises sont sélectionnées s’explique par les montants enga-  chauffage ou à l’aspirateur central marquent sans doute moins la fin
 l’ornementation rend les salles plutôt centripètes que centrifuges   gés : plus d’un demi-million de francs, dont près de 102 000 pour le   d’une époque – le « chant du cygne » un peu pathétique que la Belle
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 et l’attention se porte moins sur l’extérieur que sur l’espace in-  seul rez-de-chaussée . Pour les salles publiques, il semble que Jost et   Époque a longtemps représenté aux yeux des commentateurs nar-
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 térieur – ce que confirme l’emplacement de la salle à manger, au   Schnell dessinent eux-mêmes une partie du mobilier, exécuté par   quois du second xx  siècle – qu’au contraire, la réunion attendue de
 nord, empêchant tout contact visuel  « panoramique ». Le théâtre   l’une ou l’autre des maisons. Le choix des styles pour les salons pu-  deux pratiques que tout opposait, l’académisme et l’ingénierie, la
 social de l’hôtel trouve ici un décor fait pour lui. Et c’est depuis   blics et privés est bien révélateur du goût de l’époque pour le xviii    tradition et la modernité. Malgré des contraintes de temps, de fi-
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 d’autres espaces, plus intimes, que peut se renouer le rapport visuel,  siècle finissant : le Louis  xvi, l’Adam, l’Empire, le Directoire (huit   nancement, d’exploitation, de mode, le Palace permet d’associer des
 sensitif, avec le paysage et le lointain.   salons) l’emportent sur le Louis xv et le Chippendale (trois) alors   concepts architecturaux éloignés, celui de la beauté inutile et artisti-
 que le « style moderne » (sans doute inspiré de l’Art nouveau, quel   que à la froideur technique et rationnelle d’installations complexes
 DÉCOR, MOBILIER, CONFORT  qu’il soit) habillera au moins quatre pièces de séjour. Le choix des    faites de fer, de fonte… Finalement, le Palace n’est rien d’autre que le
    Aussi accessoire qu’elle puisse paraître de prime abord, la   revêtements de sol n’est pas moins réfléchi : les carrelages présen-  fruit de l’alliance entre la tour Eiffel et l’Opéra de Paris ! La recherche
 question  du choix  stylistique  des  intérieurs  d’hôtels  et les élé-  teront ainsi des carreaux rectangulaires et une bordure assortie aux   d’un modèle français permet à la fois de répondre aux attentes d’une
 ments d’infrastructures techniques semblent pourtant cruciaux   tapis au rez-de-chaussée et au premier étage, alors que plus haut, un   clientèle, et, peut-être, de la fidéliser, comme il témoigne de la quasi-
 pour les acteurs de la construction. Entre 1905 et 1908, on ne   dallage octogonal plus simple avec remplissage toujours assorti aux   hégémonie du style Beaux-Arts parisien sur des pans entiers de la
 cesse de discuter la question du style du mobilier et du décor,  tapis prévaut. Les tapis, rouges au rez-de-chaussée, seront jaune et   commande architecturale. Pourtant, la transcription que font les archi-
 des couleurs des tissus et des papiers peints, des modifications de   bleu aux étages. Du point de vue du confort et de l’hygiène, rien   tectes lausannois de ces modèles étrangers assimile si bien les données
 détails des projets de meubles, travaux auxquels Jost et Schnell   n’est laissé au hasard : le plan même de l’édifice, avec ses chambres   de base que la résolution de l’équation dépasse les résultats antérieurs :
 semblent être liés de près. La question du mobilier suscite des   exposées au soleil, au sud, et son couloir, au nord, ouvert sur l’ex-  la présence de l’édifice aux côtés du Montreux-Palace dans la pres-
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 visites d’hôtels dans la Suisse entière et même en Allemagne : les   térieur par de nombreuses fenêtres lui assurant un éclairage naturel   tigieuse publication parisienne d’Édouard Ossent  rappelle que peu
 palaces de Montreux, Caux, St-Moritz, l’Hôtel des Alpes à Territet,  ainsi qu’une bonne aération, est déjà un signe évident du souci des   après son ouverture, le Palace est déjà devenu à son tour un modèle.

                  Grande chambre à coucher avec cabinet de toilette.




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