Page 315 - Livre Beau-Rivage Palace
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Fig. 1           Fig. 2

 LE BEAU-RIVAGE   York. César Ritz a donné ses lettres de noblesse à l’hôtellerie de luxe
                  c’est parce que celui-ci est la figure de proue des hôtels de New
 À L’ÉCOLE AMÉRICAINE  en créant des bijoux, Conrad Hilton les montera en sautoir en inau-

 WALTER SCHNYDER   gurant le concept de chaîne. C’est pour Hilton que W. Schnyder
                  ouvre en 1954 le Hilton Castellana de Madrid en tant que directeur
                  général où il reste trois ans, avant de trouver enfin son port d’attache
                  au Beau-Rivage Palace d’Ouchy dans les murs vénérables duquel il
                  s’applique, dès lors, à introduire la philosophie Hilton (fig. 1). S’il fait
                  réaliser d’importantes transformations des bâtiments, de nombreux
                  aménagements intérieurs, dont certains rétrospectivement apparais-
                  sent discutables, il met aussi l’établissement aux normes, prospecte
                  une nouvelle clientèle, dont celle du Moyen-Orient notamment.
 Evelyne LÜTHI-GRAF
                  En se servant de son réseau d’interconnaissances et de son carnet
    « L’exercice 1957 a été marqué – peut-on lire dans un procès-  l’ouverture de la saison d’hiver 1939, il a alors 32 ans, du presti-  d’adresses, il attire de nombreuses célébrités sur les bords du lac
 verbal du conseil d’administration – par le changement intervenu dans   gieux Semiramis, propriété de la célèbre famille d’hôteliers suisses   Léman et si l’on compare les listes des hôtes du Waldorf avec celles
 la direction de l’hôtel. Après le décès du regretté Mr Schaerer, nous avons,  Bucher-Durrer. Cet hôtel marquera à jamais sa mémoire et il est   du Beau-Rivage, on trouve aisément les mêmes noms, comme s’ils
 comme déjà dit lors de notre dernière assemblée générale, confié momenta-  certain que les liens qu’il entretiendra toute sa vie avec le monde   s’inscrivaient par magie dans son sillage (fig. 2).
 nément à Mme Schaerer la direction de l’hôtel. Puis nous avons fait appel   arabe ont pris racine à cette époque.      Bien qu’il se consacre tout entier à la direction de l’hôtel, le
 à Mr Walther O. Schnyder auquel des circonstances favorables ont permis      Mais l’Europe entre en guerre et le dynamique hôtelier se   directeur trouve quand même le temps de rencontrer celle qui va
 d’entrer en fonctions [sic] le 15 mai déjà. Mr. Schnyder, qui a gardé de   voit contraint de chercher du travail en Amérique. Il le trouve au   devenir son épouse en 1959 et avec laquelle il va présider aux desti-
 Lausanne un bon souvenir à la suite de deux années d’études qu’il fit à   célèbre Waldorf Astoria de New York, comme  assistant manager.   nées de l’établissement jusqu’en 1979. Cette année-là, W. Schnyder
 l’école de commerce, a fait ses débuts dans l’hôtellerie à Lucerne, à Londres,  Après Pearl Harbour, les États-Unis sont précipités dans le conflit   quitte la direction du Beau-Rivage et poursuit durant quinze ans
 au Caire. Il est ensuite parti pour les Etats-Unis, où des postes importants   mondial et le talent linguistique de W. Schnyder le fait remarquer   son activité auprès des Leading Hotels of the World, réseau fondé
 lui furent confiés, en particulier à l’hôtel Waldorf-Astoria, propriété de la   par le Military Intelligent Service. En 1941 il prend la nationalité   en 1928, label d’excellence de l’hôtellerie de luxe basé sur des cri-
 grande chaîne des hôtels Hilton. Et c’est de l’hôtel Castellana Hilton à   américaine et intègre pour quatre ans et demi les services de ren-  tères d’admission sévères et des contrôles sur place drastiques.
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 Madrid qu’il est venu diriger Beau-Rivage . »  seignements de l’armée américaine. L’année 1945 le retrouve au      Arrivé au Beau-Rivage Palace en 1957, il a alors cinquante
    Né à Lucerne le 10 juin 1907, le jeune Walter fait son premier  Waldorf Astoria de New York, toujours assistant manager, mais au   ans et l’hôtel fête le centième anniversaire de sa fondation; Walter
 séjour linguistique à Florence en 1924, après avoir suivi l’École su-  service du département étranger.  Schnyder meurt le 19 février 2007, peu avant son centième anni-
 périeure de commerce de Lausanne, venant de l’école secondaire      En octobre 1949, Conrad Hilton achète le Waldorf Astoria   versaire, alors que commencent, pour l’hôtel, les festivités du cent
 de Weggis. À dix-huit ans il entre à l’École hôtelière de Lucerne et   où Walter Schnyder travaille depuis quatre ans et où il restera cinq   cinquantième !
 accomplit une série de stages à Pontresina, Londres, Zurich, Saint-  ans encore. Il va par conséquent vivre le changement de brand et
 Moritz, Merano, Bâle, Lugano puis, en 1930, à Madrid. Entre 1933   avoir l’occasion de côtoyer l’hôtelier – au nom devenu quasi my-   1. ABR, Procès-verbaux du conseil d’administration, séance du 27 mars 1958, 101 e  AG ordinaire.
 et 1939 il est au Grand-Hôtel National de Lucerne en été et en   thique – célèbre pour la conduite musclée de ses hôtels, pour le
 Égypte l’hiver. De 1933 à 1937 il travaille au Shephard’s du Caire   concept de standing et pour sa politique expansionniste ! Pour Hilton,
 en tant que chef de réception et sous-directeur. Puis en 1938 il   dont la fortune hôtelière a commencé au Nouveau-Mexique et s’est
 prend la direction du Continental Savoy du Caire avant de faire   poursuivie au Texas, le superlatif est la norme. S’il achète le Waldorf,

 Walter Schnyder et Conrad Hilton dans le parc du Beau-Rivage.   Devant le Beau-Rivage, le duc et la duchesse de Windsor
 Photographie, 1962.  en compagnie de Walter Schnyder.
                  Photographie, vers 1959.


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