Page 237 - Livre Beau-Rivage Palace
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satisfait sur six ans de rénovation hôtelière. Situant le succès de présente pourtant encore de tels « hôtels à tourelles et bois découpés » hôteliers lucernois entre le Schwanenplatz et le Nationalquai , actif dans la construction hôtelière . En 1999, Dave Lüthi consa-
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l’action au centre de sa rédaction, il encourage une fois de plus à rhabillés par l’action purificatrice de l’après-guerre dans l’esprit de foulant ainsi un champ de recherche complètement nouveau, cre son travail de licence à Eugène Jost, architecte dominant de la
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poursuivre la restauration des édifices historicisants du xix siècle dépouillement propre à cette époque (fig. 21) . même au niveau européen . Une dizaine d’années plus tard, en construction hôtelière en Suisse romande. Deux ans plus tard, une
dans l’esprit de la modernité . Parallèlement au combat mené contre les bâtisses historiques 1988, dans son travail de licence à l’Université de Lausanne, Anne exposition de l’epfl de Lausanne rend hommage à l’œuvre de cet
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Cette même philosophie d’assainissement survit à l’interrup- du xix siècle, de nouveaux édifices hôteliers, rationalisés et gérés Wyssbrod formule, à propos de Montreux, les premières thèses fon- architecte . La même année paraît l’ouvrage Hotelträumen zwischen
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tion officielle de l’action à partir de 1948, et ses « succès » sont encore comme des entreprises, connaissent un grand succès. La nouvelle datrices sur le développement de la construction hôtelière au xix Gletschern und Palmen, un premier panorama consacré à l’histoire
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publiés. Depuis les années cinquante, nombre d’hôtels, qu’ils soient chaîne fondée par Conrad Nicholson Hilton Cisco au Texas mon- siècle . Par son investigation systématique de l’architecture hôte- du tourisme suisse et à l’architecture hôtelière entre 1830 et 1920
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modestes ou importants, sont impunément dépouillés de leur façade tre la voie à suivre pour cette nouvelle stratégie hôtelière. Les en- lière de la « ville d’hôtels par excellence » en Suisse, elle pose un nou- comprenant une étude des lieux de villégiature du lac Léman,
historicisante. Parmi les « victimes » les plus célèbres, encore en activité treprises de l’empire Hilton proposent les dernières commodités, veau jalon de taille pour l’histoire de la redécouverte de ce type de ceux de Thoune et des Quatre-Cantons ainsi que du Valais.
de nos jours, nous pouvons citer le Schweizerhof de Lucerne ou le des locaux sanitaires pour chaque chambre, un téléviseur et un architectural . Presque simultanément, Isabelle Rucki s’engage La suite, qui paraît deux ans plus tard sous le titre Hotelpaläste
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Victoria-Jungfrau d’Interlaken, tous deux débarrassés des nombreux téléphone avec ligne directe. Ils se différencient ainsi, en cette pé- dans une thèse sur les édifices hôteliers de la Haute-Engadine, élar- zwischen Traum und Wirklichkeit, s’attache à l’histoire des régions
décors qui ornaient leur façade. La guerre et les années suivantes riode d’après-guerre, des vieux Grands Hôtels qui, pour des raisons gissant la thématique vers la région alpine . touristiques du Tessin, du lac de Constance et des Grisons .
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voient la démolition de plusieurs hôtels : en 1945, par exemple, le souvent financières, ne pouvaient envisager ces nouveaux inves- Malgré ces travaux « de la première heure », les analyses scien- Ces deux ouvrages voient le jour dans le cadre d’un projet de re-
Grand Hôtel des Bains à Aigle (fig. 15) et le Grand Hôtel de Jaman tissements. Dans les années cinquante et soixante, les hôtels qui se tifiques de l’architecture hôtelière restent ponctuelles. L’étude de cherche financé par le Fonds national suisse sur le thème « Schweizer
aux Avants (fig. 16), en 1946, le Grand Hôtel de la Dent du Midi à distinguent clairement de l’ancienne et traditionnelle culture hôte- l’histoire centenaire des hôtels de Loèche-les-Bains, en 1996, reste Hotelbau zwischen 1830 und 1920 » . Quelques cantons touristi-
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Champéry (fig. 17), en 1947, l’Hôtel Axenfels à Morschach, en 1948, lière, tout au moins par leur architecture progressiste, sont toujours aujourd’hui encore un cas isolé pour une société hôtelière et ques ont en outre répertorié leur patrimoine hôtelier dans des
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l’Hôtel du Lac à proximité de la gare de Lucerne (fig. 18) et l’Hôtel plus nombreux à connaître le succès. Vers 1960, les édifices hôte- Lugano est l’un des rares lieux de villégiature possédant, à côté de inventaires d’histoire de l’architecture et du patrimoine : le canton
situé sur le Rigi-First, en 1950, l’Hôtel du Grand Muveran à Villars, liers du xix siècle ne sont pratiquement plus considérés comme Montreux, une histoire hôtelière rédigée selon des critères scienti- des Grisons se lance de manière pionnière, vers 1980 déjà, avec
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ou encore, en 1956, le Grand Hôtel à Vevey, une véritable icône de contemporains et leur « assainissement » devient un but prioritaire. fiques . Les volumes de l’insA consacrés à Genève, Lausanne, Vevey, une focale sur l’Engadine. Depuis 1995, le canton de Lucerne
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l’histoire hôtelière suisse (fig. 19). Walter Schnyder, directeur du Beau-Rivage Palace depuis 1957 et Montreux, Thoune, Lucerne, Locarno, Lugano et Davos fournis- emboîte le pas avec un premier inventaire répertoriant la ville de
En guise d’apogée à la vague de démolition des années d’après- ancien employé de la chaîne hôtelière Hilton, fait aussi réaliser des sent un aperçu généralement satisfaisant de l’histoire hôtelière et Lucerne et, en 1999, le canton du Valais avec un bref inventaire de
guerre, le Heimatschutz met en scène, dans le milieu des années cin- travaux allant dans ce sens . touristique de ces villes . La non-prise en considération d’Inter- l’ensemble du territoire du canton .
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quante un nettoyage du sommet du Rigi. La recette de la vente de laken et de Saint-Moritz dans une série qui couvre justement la Depuis la fin des années soixante-dix, d’autres livres viennent
l’Écu d’or de 1951 est utilisée pour débarrasser le célèbre sommet LA REDÉCOUVERTE DES HÔTELS HISTORIQUES Belle Époque apparaît bien, du point de vue de l’histoire du tou- compléter les publications traitant, entre autres thèmes, de la ques-
de tous ses hôtels historicisants, certains d’entre eux établis depuis DANS LES PUBLICATIONS SCIENTIFIQUES risme, comme une lacune regrettable. Pour de nombreux lieux de tion de l’hôtel historique. En 1976 paraît, à l’initiative de l’onst, un
plus d’un siècle (fig. 20) . Dans le rapport du jubilé de la Société Le professeur Adolf Reinle, originaire de Lucerne et ensei- villégiature importants tels Saint-Moritz, Pontresina et Arosa dans ouvrage collectif de Louis Gaulis et René Creux consacré à l’histoire
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suisse des hôteliers de 1957, Peter Meyer, entre-temps nommé pro- gnant à Zurich, qui consacre en 1962 un chapitre du quatrième les Grisons, Engelberg, Weggis, Brunnen et Vitznau au bord du lac des grands pionniers de l’hôtellerie suisse . La même année, Fred
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fesseur, se lance une dernière fois dans une joute verbale contre les volume de sa Kunstgeschichte der Schweiz à la construction hôtelière, des Quatre-Cantons, et dans les régions de l’Oberland bernois et Ammann publie une longue série de cahiers sur les importantes
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édifices hôteliers de la Belle Époque. Publiée sous le titre Hotelbau ouvre une nouvelle étape dans le jugement des édifices hôteliers. Il du Valais, l’histoire de l’hôtellerie n’est connue que par des ouvra- familles d’hôteliers suisses . En 1990, Thierry Ott rédige une syn-
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einst und jetzt, sa critique se fait pourtant déjà plus modérée. Seuls est le premier historien de l’art du xx siècle à ne plus dévaloriser ges d’histoire locale parus le plus souvent sans mention de sources thèse globale en format de poche sur les hôtels-palaces suisses . Fina-
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les édifices de la fin du xix siècle, qu’il décrit comme des « couloirs les hôtels de la Belle Époque par des épithètes négatives. Par cette et qui ne résistent pas à un examen sérieux des données . lement, dans un ouvrage de 1992 consacré au sanatorium, Quintus
d’ambiance construits sans le moindre sérieux », se voient radicalement contribution essentielle, il annonce en quelque sorte leur réhabili- Au tournant du millénaire, deux figures particulièrement Miller explore, comme il le souligne lui-même dans l’introduction,
rejetés. Pour les formes architecturales « romantiques » des périodes tation . Mais malgré ce travail pionnier, rares sont les recherches sur marquantes de l’architecture hôtelière de la Belle Époque sont un phénomène marginal du champ hôtelier .
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antérieures, les « tourelles et les ornements de faîtage », les « bois découpés », l’histoire de l’architecture suisse qui s’intéressent à l’architecture hô- prises en considération par l’histoire de l’architecture. En 1998, En Europe, dans les années quatre-vingt, la recherche investit
il trouve déjà des mots positifs et met en garde contre leur démoli- telière avant les années quatre-vingt. En 1976, Roman Ottiger, doc- le Museum im Bellpark à Kriens analyse – dans une exposition aussi l’architecture hôtelière de la Belle Époque. En 1982, l’histo-
tion inconsidérée. Dans le même cahier, l’architecte Theo Schmid torant d’Adolf Reinle, examine la construction des premiers édifices accompagnée d’une publication – l’œuvre d’Emil Vogt, architecte rien de l’art Michael Schmitt place l’hôtel-palace entre 1870 et
Montreux – L’église. Territet – Hôtel des Alpes. Lauenen. Locarno, l’Hôtel Reber avant et après transformations.
Ein schönes und ein hässliches Bauwerk am Ufer des Genfersees /
Un bel édifice ancien et une vilaine construction moderne sur les bords du lac Léman.
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