Page 248 - Livre Beau-Rivage Palace
P. 248

Fig. 6

                                                                                                                                                         casino L-O., Musée d’art et d’histoire de Genève, casino d’Evian. » Le   soutenant les oculi, pots à feu – a aujourd’hui disparu. Des entrées
                                                                                                                                                         système rabitz consistait en un treillis métallique gainé de terre   latérales, placées à l’occident et à l’orient, présentent encore leurs
                                                                                                                                                         cuite pouvant être mis en forme et recevoir tout type d’enduit.  menuiseries d’origine et des  « consoles » sculptées en forme de
                                                                                                                                                             C’est au sculpteur Morhardt, de Berne, que revient le travail   cartouche Louis xiv.
                                                                                                                                                         de stucage. Établi à Clarens, puis à Lausanne et Genève, il se profile      À l’intérieur, il subsiste des stucs représentant des allégories de
                                                                                                                                                         comme le spécialiste du marbre artificiel. Au Beau-Rivage, l’artiste   l’architecture alternant avec des putti allumant des pots à feu (fig. 7
                                                                                                                                                         a réalisé une prouesse technique avec ses personnages haut perchés   et 8). Au plafond, les peintures d’Otto Haberer ont subi l’outrage
                                                                                                                                                         dominant la salle à manger. Il s’agit d’Amours aux ailes de libel-  des ans (des infiltrations d’eau notamment) et sont devenues diffi-
                                                                                                                                                         lule – entre le putto et l’elfe ! – et de jeunes femmes, allégories de la   cilement lisibles. À l’ouest, une cheminée en marbre rouge, réalisée
                                                                                                                                                         Nature. Ces figures se tiennent en équilibre sur la corniche d’en-  par Luigi Uberti, donnait une touche chaleureuse à l’ensemble, elle
                                                                                                                                                         tablement qui repose sur une série de colonnes, piliers et pilastres   a cédé depuis lors sa place à un office (fig. 9). Mais cette salle de-
                                                                                                                                                         en faux marbre et marbre artificiel. En dépit de leur position ap-  vrait être prochainement restaurée ; gageons qu’elle retrouvera une
                                                                                                                                                         paremment instable, elles incarnent la grâce et la légèreté, prenant   partie de son lustre d’antan.
                                                                                                                                                         appui sur les éléments d’architecture, comme la corniche, d’où dé-
                                                                                                                                                         passe parfois un pied ou le bas d’une robe, ou encore les médaillons    1. N°144, p. 8.
                                                                                                                                                         peints qu’elles tiennent de leurs mains. Dans cette pose acrobatique    2. Édition du lundi 22 juin 1908.
                                                                                                                                                                                                                  3. ABR, PV, 19 juin 1908, p. 76. Dave LÜTHI, Eugène Jost (1865-1946), architecte [Mémoire de
                                                                                                                                                                                                                    licence en histoire de l’art], Lausanne : UNIL-Faculté des lettres, 1999, p. 76.
                                                                                                                                                         et en surplomb, elles parviennent pourtant à croiser leur regard      4. « L’histoire de Zwahlen & Mayr. Du fer forgé aux grands ouvrages », texte conservé dans
                                                                                                                                                         d’un bout à l’autre de la salle et à se tendre qui une couronne de       les archives de la famille ; L’esprit d’entreprise [Ingénieurs et architectes vaudois],
                                                                                                                                                                                                                     [Lausanne] : SIA section vaudoise, 1987, p. 106-107 ; INSA. Volume 11 – Index des noms
                                                                                                                                                         lauriers, qui un bouquet. Leurs longues robes, à l’antique, flottent       de personnes des volumes 1-10, Berne : SHAS, 2004, p. 319 ;
                                                                                                                                                                                                                     « Article nécrologique », Patrie suisse, 1919, p. 165-166 ; Gazette de Lausanne n°152,
                                                                                                                                                         sous l’effet d’une brise. À leurs pieds, sont déposés des bouquets de       4 juin 1919, n°154, 6 juin 1919. EIPVD, volume 3 – Les artisans de la prospérité, Lausanne :
                                                                                                                                                                                                                     Editions 24 Heures, 197, p. 173, 176-177 ; Sylvain MALFROY, La rénovation urbaine et les
                                                                                                                                                         fleurs et de fruits. Dans un environnement chargé et monumental,       problèmes de sauvegarde du patrimoine architectural [Mémoire de licence en histoire de
                                                                                                                                                         l’artiste a vraiment su insuffler à ces femmes équilibristes un mou-        l’art], Lausanne : UNIL-Faculté des lettres, 1979, annexes II, p. 28. COLLECTIF, Escaliers.
                                                                                                                                                                                                                    Décors et architecture des cages d’escalier des immeubles d’habitation de Suisse romande
                                                                                                                                                                                                                    1890-1915, Lausanne : PPUR, 2006, p. 43, 48, 57, 84, 189, 193, 199.
                                                                                                                                                         vement à la fois réaliste et aérien (fig. 6).              5. Catalogue officiel de l’Exposition cantonale vaudoise à Yverdon, 1894, Lausanne : A. Rochat,
                                                                                                                                                             En 1959, le directeur Walter Schnyder propose de transfor-      1894, p. 93.
                                                                                                                                                                                                                  6. ABR, cote 144. Anne WYSSBROD, Beau-Rivage Palace, analyse historique et documentaire,
                                                                                                                                                         mer la salle Sandoz en entrée monumentale, pour permettre la       Lausanne : EPFL-ACM, 1992 [rapport non publié].
                                                                                                                                                                                                                  7. Joëlle NEUENSCHWANDER FEIHL (dir.), Une Menuiserie Modèle, Les Held de Montreux,
                                                                                                                                                         construction de 28 chambres à l’étage de cette annexe et suppri-      Yens-sur-Morges : Cabédita, 1992.
                                                                                                                                                                                                                  8. En 1908, il élit domicile dans une petite villa à l’allure pittoresque, « Clos d’Ouchy »
                                                                                                                                                         mer ainsi les deux anciens accès qu’il trouve malcommodes . Heu-      située juste derrière l’hôtel, construite sur les plans de l’architecte Louis Bezencenet
                                                                                                                                                                                                         9
                                                                                                                                                         reusement, son projet n’a pas été mis à exécution…            (ch. de Beau-Rivage 16). On y trouve des vitraux signés Chiara. Cette villa illustre très
                                                                                                                                                                                                                    bien la manière que les entrepreneurs et artisans avaient de travailler ensemble, se
                                                                                                                                                                                                                     suivant d’un chantier à l’autre.
                                                                                                                                                                                                                  9. ABR, cote 147, lettre de Walter Schnyder au conseil d’administration.
                                                                                                                                                         LA ROTONDE                                                10. Dossier de mise à l’enquête 1976, AVL, cote 159, Agrandissement de la rotonde.
                                                                                                                                                             Les stucs de cette salle sont attribués à Negri & Uberti, ar-
                                                                                                                                                         tistes qui ont travaillé à plusieurs reprises avec l’architecte Eugène
                                                                                                                                                         Jost. Profondément modifié au cours du xx  siècle, le hall se pré-
                                                                                                                                                                                             e
                                                                                                                                                         sente comme une rotonde, dont n’émerge plus aujourd’hui que
                                                                                                                                                                                           10
                                                                                                                                                         la coupole, cernée par la véranda de 1976 . À l’extérieur, le riche
                                                                                                                                                         décor sculpté qui l’ornait – guirlandes, têtes de femmes, éphèbes

          Fig. 4                                                  Fig. 5                                                                                 Ouchy – Beau Rivage Palace, La salle à manger.          Fig. 7 > La rotonde vue vers le sud. Ce grand espace lumineux est doté d’un décor
          Eugène Jost architecte, Plafonds du hall et de la salle à manger,   Eugène Jost architecte, Beau-Rivage Palace (s. à manger),                  Carte postale non datée.                                tridimensionnel unique en son genre dans l’architecture hôtelière régionale.
          esquisse aquarellée, [vers 1906].                       esquisse aquarellée, [vers 1906].                                                                                                              Au plafond, les peintures d’Otto Haberer.
                                                                                                                                                                                                                 Fig. 8 >> La rotonde vue vers le nord en direction de la salle à manger.
                                                                                                                                                                                                                 Fig. 9 >>> Dans la salle à manger.
                                                                                                                                                                                                                 Photographies, vers 1920.
          248                                                                                                                                                                                                                                                       249
   243   244   245   246   247   248   249   250   251   252   253