Page 261 - Livre Beau-Rivage Palace
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Fig. 1           Fig. 2                                                  Fig. 3

 LES TAPISSERIES   contenir le raisin pressé, et de récipients débordants de fruits de   n’incluant pas l’allusion aux signes du zodiaque, établie par Van
                  saison dont l’un, une coupe, est tendu par une femme négligem-
                                                                          Schoor pour ce même atelier ou pour un autre. L’existence d’une
 DU BEAU-RIVAGE PALACE  ment installée vers une belle femme assise au deuxième plan, en   deuxième tenture des Saisons est d’ailleurs remarquée par Marthe
                  laquelle on reconnaît l’Automne. Couronnée de vigne et tenant un   Crick Kuntziger . Une pièce absolument identique à celle de Lau-
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                  bâton orné d’un pampre, elle siège solennellement en déesse, une   sanne (mais sans bordure) a été vendue à Paris le 17 juin 1921, avec
                  compagne à ses pieds tenant des grappes de raisin, et deux autres   trois autres.
                  apportant des plats chargés des produits de la nature. Un homme,      Divers tissages des Saisons appartenant à l’une ou l’autre des
                  peut-être Bacchus, se tient debout derrière elle. À droite, s’enfonce   tentures sont visibles dans des collections publiques : l’Hiver figure à
                  une vallée ouverte dominée par un ciel incertain.       Bruxelles aux Musées royaux d’Art et d’Histoire (Van den Hecke),
                      Cette tapisserie formait avec trois autres une tenture allégo-  un Printemps se trouve à San Francisco au Fine Arts Museum, un
                  rique des Saisons. Les modèles sont dus à l’un des trois peintres les   autre à Vienne au Kunst Historisches Museum (Van den Hecke)
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                  plus importants dans le domaine de la tapisserie en Flandres à la fin   et un troisième à Munich (coll. de Bavière) . L’Automne et l’Hiver se
 Nicole de REYNIÈS
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                  du xvii  siècle et au premier tiers du xviii  siècle : Louis van Schoor   trouvent au musée des Arts Décoratifs de Zagreb .
 VERDURE À PETITS PERSONNAGES (fig. 1)  au minimum dès la fabrication. L’intérêt de ce genre de tapisse-  (vers 1650-1702). L’attribution des suites (divers ensembles d’un
    Ce grand paysage présente un intérêt particulier par ses di-  rie était en effet, le plus souvent, d’éclairer et d’aérer les grands   même dessin) s’appuie sur une mention de l’époque . Ces modèles   CONVERSATION HOLLANDAISE /
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 mensions, sa perspective bien conçue, et ses petites scènes de genre   espaces des sombres demeures, d’en percer en quelque sorte les   remonteraient aux années 1680  et auraient été souvent conjugués   LES VENDEURS DE FLEURS (fig. 3)
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 dispersées dans les arrière-plans. L’espace est occupé au premier   murs et d’ouvrir sur la campagne et la nature, nature qui n’était pas   aux Éléments selon l’appellation conjointe Saisons et Éléments don-     Cette tapisserie faisait partie d’une tenture, c’est-à-dire d’un
 plan par une rangée d’arbres formant comme un rideau, les plans   nécessairement lointaine et exotique, mais au contraire proche et   née dans un document contemporain d’un marchand anversois du   ensemble de pièces, appelée à l’époque Conversations ou Paysans
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 arrière se percevant par deux trouées. Ce premier plan est aussi   immédiate. Par ailleurs, les teinturiers d’Aubusson au xvii  siècle ne   nom de Naulaerts. Le paysage est dû vraisemblablement à un autre   hollandais pour des raisons inconnues. La tenture comprenait, en
 meublé en partie basse de belles plantes – qu’un botaniste pour-  connaissaient pas toutes les méthodes de teinture et les manufactures   peintre selon les pratiques de l’époque.  outre, une Assemblée jouant de la musique, Le Retour de la chasse et la
 rait nommer tant elles sont bien rendues – bordant une rivière. Le   réclamaient, en vain, un teinturier au roi.     Ces femmes élégantes, plutôt minces, en robes plus ou moins   vente du gibier, La Vente de fruits et légumes.
 deuxième plan, un terrain ondulé, est le lieu où se côtoient hom-     Les verdures les plus comparables sont celles d’Audenarde, en   à l’antique et portant une sorte de diadème de cheveux au som-     La pièce fut tissée dans la première moitié du xviii  siècle, à
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 mes et animaux. Dans une maison rurale, sous un auvent couvert   Flandres – ville qui en produisait un grand nombre – et celles des   met du visage sont en effet spécifiques de l’esthétique du peintre   Audenarde ,ville qui faisait alors partie des Flandres. On sait par
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 de paille, des hommes attablés trinquent alors que dans la campa-  ateliers  (tous privés) de  la  région  dite  alors d’Auvergne  ou des   Van Schoor. Une parenté de dessin avec une tapisserie dite L’Abon-  les archives que les ateliers de Van Reggelbrugghe, de Jean-Baptiste
 gne deux voyageurs – des marchands ? – sont à l’arrêt. Un château et   Marches, c’est-à-dire d’Aubusson, de Felletin, et des lieux environ-  dance qui complétait une tenture des Continents, du même artiste,   Brandt, d’Albert Goeman puis ceux de Georges-Frans Boele et de
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 une ville au loin sont accessibles grâce à un pont.  nants. Le dessin des bordures, aux fleurs très distinctes, correspond à   doit être notée .   sa veuve produisirent cette tenture jusqu’en 1763. Les premières
    Le modèle de la plupart des verdures est inconnu. Mais il est   celui trouvé dans cette région des Marches. Malheureusement, peu      À cette époque les tapisseries peuvent être tissées sans bor-  pièces pourraient dater de 1707.
 vraisemblable que les nombreuses estampes de paysage qui circu-  de pièces portent une marque et la production de chaque atelier   dure. Celle-ci, établie indépendamment, a pu être rapportée pour      Elle représente deux groupes de personnages placés en frise
 laient en Europe influençaient les cartonniers qui cependant pou-  reste difficile à cerner. Le tissage, ici, est d’une bonne qualité bien   répondre à la demande d’un client. Elle imite un cadre de tableau,   sur un chemin bordant un tertre arboré. Celui-ci laisse voir au cen-
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 vaient combiner les sources ou ajouter quelques éléments.  que sa finesse ne soit pas extrême. Notons que les paysages tissés   comme cela est courant au xviii  siècle.  tre, dans le lointain, un parc classique, avec grand canal et fontaine,
    Depuis toujours, ce goût pour la nature était très répandu   à Paris, moins nombreux, sont plus fins et possèdent des bordures      Le tissage d’une tenture des Saisons a été effectué à Bruxelles   au fond duquel apparaît un château. D’un côté une fleuriste coupe
 dans les milieux aisés qui s’offraient des tapisseries, engouement   très spécifiques.  dans l’atelier de Jean-François Van den Hecke . Un  Automne    les fleurs d’un pot et un homme les assemble en bouquets tandis
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 dont maints inventaires après décès témoignent ainsi que le nom-  attribué à cet atelier fait partie des collections du Metropolitan   qu’un troisième personnage a attiré une femme qui respire le par-
 bre considérable des pièces subsistantes. Si les couleurs autres que   LES SAISONS / L’AUTOMNE (fig. 2)  Museum of Art à New York . Plus riche, il diffère en de nombreux   fum d’un bouquet. De l’autre côté, une femme assise est entourée
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 le vert qui égayaient ces paysages n’ont plus la même vigueur,      La scène s’étage en plusieurs plans. Le premier est constitué   points de celle de Lausanne, mais la pose de la figure allégorique   de deux enfants, l’un entourant son épaule et lui faisant humer des
 voire ont totalement disparu, celles-ci étaient cependant réduites   de légumes de l’automne (courges…), de vases somptueux devant   est identique. La pièce de Lausanne doit être une variante, variante   fleurs, l’autre portant un panier de fleurs variées.

 Verdure à petits personnages.   Les Saisons / L’automne.                 Conversation hollandaise / Les vendeurs de fleurs.
 Aubusson ou Felletin, fin XVII e  - début XVIII e  siècle.   Flandres, Modèle de L. van Schoor, vers 1680.  Audenarde, première moitié du XVIII e  siècle.
 280 x 365 cm (bordure comprise), 4 à 5 fils au cm.  315 x 436 cm, 7 à 8 fils de chaîne au cm, laine et soie.   326 x 317 cm, 6 fils de chaîne au cm. Bordure originelle.
 Bordure originelle repliée.  Bordure ancienne rapportée et retissée aux angles.

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