Page 125 - Livre Beau-Rivage Palace
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Fig. 6           Fig. 7                                                  Fig. 8

 la catastrophe à éviter : les nationalistes turcs ont gagné la guerre,  correspondant du Temps, à la veille de la séance d’ouverture, était   cultivés et formés pour la plupart en Occident. Le général Ismet   à Lausanne, puis s’étendit ailleurs en Suisse romande et en Suisse
 il s’agit de réagir très rapidement pour inverser le cours des évé-  sévère et un peu hâtif. La conférence avait certes été préparée dans   Pacha, responsable de la délégation turque à Lausanne, était certes   alémanique, à Berne, à Zurich, à Bâle notamment ; elle se prolon-
 nements. Temps hésitant et improvisé dans ses commencements :   la précipitation, mais dès le premier jour, les commissions étaient   un militaire qui n’avait guère d’expérience diplomatique mais qui,  gea jusqu’en décembre, lorsque les maîtres imprimeurs reprirent les
 la conférence organisée dans la confusion des crises simultanées   constituées, les présidences attribuées, le secrétaire général désigné.   entouré de nombreux experts, se confronta en diplomate obstiné   négociations et prit fin le 15. Ce conflit du travail contraignit les
 des nations participantes est reportée alors que la délégation tur-  Cette conférence s’inscrivait dans la perspective de la diplomatie   à Lord Curzon. L’intransigeance et la maîtrise du compromis du   éditeurs lausannois à fusionner temporairement les quatre quotidiens
 que, convaincue de son succès, avait quitté Constantinople le 12   nouvelle, évoquée plus haut, qui prônait un contrôle démocrati-  premier finirent par triompher de l’habileté et de l’expérience du   locaux sous le seul titre de La Presse lausannoise qui parut sous la
 novembre et était déjà arrivée à Lausanne. Temps mouvementé et   que et l’implication des politiques au détriment des diplomates, la   second qui, en tant que président de la conférence, tenait l’agenda   forme d’une édition très réduite de quatre pages laissant peu de place
 bousculé ensuite par la succession des incidents, les fausses ruptures,  prise en compte de l’opinion publique par la publicité des débats   et disposait aussi des messages secrets de l’adversaire décodés par   à l’analyse et au commentaire des travaux de la conférence.
 une crise à la fin du mois de novembre, l’ajournement de certaines   et l’ouverture à la presse, l’intégration des questions économiques,   ses services. Même si elle donna à Lord Curzon l’occasion de      Les hôtels proposaient d’abord leurs services hôteliers et de
 commissions, les incidents lors des audiences de personnes, les me-  financières voire techniques qui conférait un rôle aux experts. A   l’une de ses plus brillantes performances internationales figurant   restauration aux délégations dont certaines avaient aménagé leur
 naces d’ultimatum qui assignent à la conférence son rythme par-  Lausanne, cette diplomatie s’est concrétisée par la limitation des   parmi les exemples de la diplomatie classique, la Conférence de   propre secrétariat dans les appartements mis à leur disposition.
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 ticulier. « Dans les hôtels, les délégués faisaient leurs valises, bouillonnant   conférences plénières au profit des travaux en commission  et des   Lausanne confirma l’avènement de la nouvelle Turquie et sa re-  Pour sa part, la Municipalité de Lausanne avait incité les hôteliers
 de rage mal contenue. Et puis, durant l’après-midi, les choses rentraient   échanges directs hors des canons protocolaires, discussions en   connaissance internationale.  et les commerçants de la ville à « garantir des prix raisonnables et [à]
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 dans l’ordre […] . » La conférence se prolonge au-delà de Noël ;   chambre qui se sont multipliées notamment au moment de la rup-     Les négociateurs étaient soumis à la pression de leur gou-  maintenir la réputation de la ville » . À cette occasion d’ailleurs, les
 vers la fin janvier, le refus d’obtempérer du responsable de la dé-  ture de janvier.   vernement et à celle de l’opinion publique informée par les très   hôtels élaborèrent et communiquèrent à l’exécutif lausannois une
 légation turque, le général Ismet Pacha, provoque son report sine      La Conférence de Lausanne a été l’occasion d’une confronta-  nombreux journalistes accrédités. Le correspondant du Temps avait   liste de prix, remise également aux délégations étrangères.
 die avant qu’elle ne reprenne ses travaux en avril pour les achever,  tion spectaculaire entre des styles diplomatiques opposés. D’un côté,   salué « la levée du secret imposé d’abord aux délégués » qui ouvrait « l’in-     La Conférence de Lausanne s’est révélée une opération fi-
 avec beaucoup de difficultés, en juillet 1923. Mais entre-temps, les   les alliés continuaient à se comporter en vainqueurs, se débarras-  formation de l’opinion publique ». Avec l’installation d’une « Maison de   nancière positive pour le Beau-Rivage Palace qui était d’ailleurs
 négociations se poursuivent ailleurs, Mussolini se rend à Londres   sant difficilement de leurs vieilles habitudes colonialistes. Le traité de    la presse » au Lausanne-Palace, les journalistes disposaient de res-  inhabituellement  « plein » le 24 novembre. Son directeur Egli
 où il rencontre à nouveau, cette fois-ci sans éclat, Lord Curzon et   Sèvres avait été le chef-d’œuvre mort-né de cette diplomatie arro-  sources spécifiques : des salles de secrétariat, des salons de lecture,  nota dans le Livre du président que le chiffre d’affaires de 7500
 Poincaré ; sur le chemin du retour pour Rome, il s’arrête en gare de   gante contrainte à une difficile reconversion au gré des succès turcs:   une centrale téléphonique et télégraphique mise en place à cette   francs par jour, « en grande partie grâce à la circonstance exceptionnelle
 Lausanne ; Ismet Pacha va à Genève (fig. 7).   « C’est à une véritable décolonisation des esprits et des comportements que   occasion qui les impressionna.   de la conférence de paix », autorisait une distribution de dividende
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    La conférence est un microcosme qui a ses règles, fiction d’un   doivent procéder les représentants des puissances naguères dominantes  » af-     Un appareil spécial de télégraphie de type Marconi, identi-  au-delà de 8%. Lors de la séance du conseil d’administration du
 monde réduit qui prend place dans des lieux et un temps propres, au   firme un analyste. Les délégués des nations alliées étaient issus pour   que à celui utilisé lors des assemblées de la  sdn, avait été installé.   15 janvier 1923, les comptes d’exploitation présentaient les résul-
 rythme alterné des négociations officielles et des discussions privées,  la plupart des ambassades ; Lord Curzon, vice-roi des Indes, était alors   Négociateurs et journalistes pouvaient ainsi assurer « une liaison directe   tats suivants : recette au 31 décembre : 1 666 000.15 francs contre
 du travail et de l’oisiveté, du protocole et des mondanités (fig. 8). Les   ministre des Affaires étrangères et connaisseur expérimenté des affai-  avec l’Angleterre, l’Espagne, la Tchécoslovaquie, la Pologne, [et] atteindre   1 513 599.95 francs en 1921. Du 1  au 14 janvier : 102 992 francs
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 participants s’installent dans cette manière de routine. L’épouse du   res du Proche-Orient. Le secrétaire général français, René Massigli,   aussi Moscou et Constantinople. Ce fut l’une des innovations techniques   contre 27 056.25 francs en janvier 1922. « Ces belles recettes sont
 chef de la délégation britannique rejoint son mari à Ouchy, séjourne   avait acquis son expérience internationale dans les nombreuses   majeure stimulée par l’organisation de la conférence. Lausanne venait éga-  dues à la conférence de la paix en Orient. » Tous les hôtels concernés
 à Saint-Moritz avant d’être rappelée sur les bords du Léman pour   conférences diplomatiques de l’après-guerre. Les Turcs paraissaient   lement d’inaugurer à quelques jours près son premier poste t.s.f., première   n’en retirèrent pas le même bénéfice, car la Municipalité dut sou-
 participer à un grand dîner offert par la délégation de son pays.  moins  expérimentés,  mais  depuis  1919,  Mustapha  Kemal  avait   expression de la future Radio romande. Le Beau-Rivage Palace en profita   tenir au moins un hôtel qui avait « complètement raté sa saison » en
 construit sa reconquête nationale en associant ses offensives mili-  pour rénover ses propres installations téléphoniques en optant pour un télé-  raison de la conférence et avait sollicité des indemnités de 15 000
 RESSOURCES DIPLOMATIQUES,   taires à une diplomatie efficace, maîtresse d’elle-même, exploitant   phone à ‹ 9 fils › et augmenta son personnel notamment pour les services de   francs ainsi que 13 079 francs pour le traitement du personnel.
 RESSOURCES HÔTELIÈRES  habilement les divergences entre les alliés. La politique interne et   communication . »      Les profits pour l’hôtellerie ne furent pas seulement maté-
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    « La conférence ne dispose d’aucun organe administratif capable d’éta-  externe de Mustapha Kemal visait l’indépendance nationale, la paix      Le jour de l’ouverture de la conférence éclatait un conflit du tra-  riels et financiers, ils furent aussi immatériels et symboliques. Par
 blir une liaison entre les diverses délégations et entre les délégations et la   et l’adoption du modèle occidental pour une nouvelle Turquie.   vail dans l’imprimerie, les négociations salariales étaient interrompues   l’intermédiaire de la Société des hôteliers, les hôtels proposaient
 presse. On est encore dans la période d’improvisation . » Ce jugement du   Il avait rallié à sa cause des personnels novices en diplomatie, mais   et les ouvriers typographes cessaient le travail. La grève commença   des excursions aux journalistes, ainsi que des croisières sur le lac ;
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 Benito Mussolini sortant du [Beau-Rivage] Palace.   Sur l’escalier sud du Beau-Rivage, Lord Curzon,   Mustafa Kemal sur le Léman lors de la Conférence de Lausanne.
 Photographie, 1922-1923.  Benito Mussolini et Raymond Poincaré.          Photographie, 1923.



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