Page 359 - Livre Beau-Rivage Palace
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SOUVENIRS
PLATANES
VERS 1940
Charles-Albert CINGRIA
1. Jørgen Jürgensen (1745-1811) de Copenhague vint de 1765 à 1775 apprendre le métier
d’horloger chez Houriet au Locle. En 1796 il envoya son fils Urban (1776-1830) faire
de même. Celui-ci épousa Sophie Houriet en 1801 avant de retourner au Danemark créer sa
propre manufacture d’horlogerie. Un de leurs fils, Jules Frederik (1808-1877) s’établit au
Locle puis à Genève comme fabricant et négociant en horlogerie. Homme cultivé, fortuné,
mécène, il accueillit souvent Andersen lors de ses voyages en Suisse.
2. Les rapports étaient extrêmement mauvais entre la Prusse et le Danemark à cause des
duchés de Schleswig, Holstein et Lauenburg qui étaient danois mais que Bismarck réclamait.
Les Prussiens déclareront la guerre au Danemark et le battront en 1864. Le pays d’Andersen
y perdra les trois duchés.
3. Françoise de Bragance (1824-1898), fille de l’Empereur Pedro I er du Brésil épousa en
1843 à Rio de Janeiro, François d’Orléans, prince de Joinville, 3 e fils de Louis-Philippe I er ,
(1773-1850), roi des Français (1830-1848).
4. Gade Niels Wilhelm (1817-1890), compositeur danois. Auteur de symphonies et d’œuvres « J’ai envie de parler d’Ouchy, le patelin où je me trouve.
de musique de chambre. Principal représentant du romantisme musical en Scandinavie.
C’est curieux ce que je suis attaché à ce coin-là, surtout l’hiver […]. Et bien Ouchy est
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délirant. D’abord il n’y a personne ou presque personne, sauf quelques cygnes et un lord que
j’ai pris d’abord pour tel, mais qui s’est avéré par la suite n’être que la suite d’un lord – j’entends un
lord véritable – dont il était le conseiller et le domestique, ce qui n’est pas peu […].
Ce qu’il y a encore de bien à Ouchy, c’est les platanes. Surtout vers six heures quand l’électricité se
déclenche et qu’on voit leurs ombres de moignons monstrueux s’apprêter à boxer tandis
que se balancent les lampes insensiblement mues par l’atroce bise […]. Il y a une boulangerie,
une blanchisserie et puis le palace à deux minutes. C’est dans ce palace qu’est le lord
qui a ce domestique ressemblant à un lord qui vient ici prendre l’apéritif et jouer aux cartes avec
la patronne, les filles, M. Pierre, M. Paul. Moi j’y ai une toute petite chambre bien chauffée
[probablement à l’Hôtel du Port], et mes livres. Malheureusement pas de dictionnaire.
Chaque fois qu’une difficulté m’arrête, je suis obligé de prendre le funiculaire et d’aller consulter
le Littré à l’Acropole […]. Le palace aurait dû m’intriguer plus tôt. C’était de là – tout à fait à deux
pas – que la princesse Caetani de Bassiano, l’ancienne directrice de Commerce
(remplacé depuis par Mesures) s’enquérait depuis plusieurs semaines du coin
où je pouvais bien être en Suisse. »
Charles-Albert CINGRIA, « Voyage de Saint-Gall à Ouchy », dans: Œuvres complètes, tome 7 : Enveloppes ; Le parcours du Haut-Rhône ; Propos, p. 216, 217-218.
Texte publié la première fois dans : Cahiers du Sud (Marseille) 15 année, numéro spécial intitulé Images de la Suisse, avril 1943.
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