Page 374 - Livre Beau-Rivage Palace
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A 19:10, au second coup de gong, tout le monde se retrouvait à la table d’hôte, les enfants ayant
déjà été servis dans un autre restaurant sous l’œil attentif de leurs gouvernantes respectives.
Les maîtres d’hôtel proposaient toujours deux menus, l’un assez copieux pour gens bien portants,
l’autre selon le régime diététique du D Combe, était destiné aux estomacs et aux foies délicats ;
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il était composé de carottes Vichy, pommes de terres bouillies et compotes de fruits […].
Le compositeur américain Courtland Palmer séjournait à l’année à Beau-Rivage
avec sa sœur et leurs chiens. Comme il logeait à nos côtés, aux 3 et 4 étages, j’aimais l’entendre
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travailler au piano des mélodies classiques et romantiques de son cru […]. Mr Palmer s’intéressa
un jour à un tout jeune apprenti liftier de l’hôtel qui montrait de l’intérêt pour la musique
et lui fit donner des cours au Conservatoire : il mit ainsi le pied à l’étrier de celui qui devint un
chef d’orchestre réputé et qui remplaçait souvent Ernest Ansermet : Jean-Marie Auberson […]. Qui
ne se souvient aussi d’un personnage américain original qui habitait la grande chambre
d’angle du rez-de-chaussée de Beau-Rivage donnant sur le jardin : il fit grillager toutes
ses fenêtres pour faire de sa pièce une immense volière, si bien que depuis le jardin on entendait
foule de pépiements et de chants d’oiseaux exotiques. »
André MULLER, Souvenirs de Beau-Rivage, 2006, texte dactylographié non publié.
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