Page 372 - Livre Beau-Rivage Palace
P. 372

SOUVENIRS






                                      UNE IMMENSE VOLIÈRE

                                                    VERS 1930









                                                           André MULLER












                         « À cette époque, le moment le plus attendu de l’année était pour nous

           la soirée du personnel qui se situait entre Noël et Nouvel An. Dans la grande salle bien décorée,
          aujourd’hui salle Sandoz, les employés et leurs familles se retrouvaient dans leurs plus beaux atours :
            nous étions ainsi plus de deux cents personnes autour d’un sapin de Noël pour un repas amical

                et festif. Mon père remerciait le personnel pour le travail de l’année, distribuait à chacun
              des gratifications selon ses mérites, ainsi que des médailles d’ancienneté pour cinq à vingt ans
              de service à Beau-Rivage. Puis venait l’heure des productions. Régulièrement, l’inénarrable
              tapissier, Schoenfelder, nous faisait rire aux larmes : personnage rondouillard, habituellement
                taciturne, mais qui, costumé et maquillé, était un comédien chansonnier malicieux dont

          les sketches en hochdeutsch et dans un français très approximatif étaient hilarants. Suivait un concert
                  de Zitter (instrument suisse alémanique) donné par le mécanicien, Gothard Klingler,
          puis venaient de nombreuses autres productions. La soirée se terminait vers 2:00 ou 3:00 du matin

                                   au son d’un bal animé par l’orchestre de l’hôtel […].


                 Alors, les repas suivaient un rituel précis. A 19:00, un premier coup de gong résonnait
             dans les étages : chaque hôte, s’il ne se faisait pas servir en chambre, se changeait. Les messieurs
             revêtaient une dinner jacket, les dames, coiffées et souvent habillées par leurs propres servantes,

                  apparaissaient en robe longue, élégante, surtout le jeudi en vue de la soirée dansante.













                                                                  > Contrat passé entre le Beau-Rivage et l’orchestre, 24 avril 1878.




          372
   367   368   369   370   371   372   373   374   375   376   377