Page 31 - Livre Beau-Rivage Palace
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Fig. 7 Fig. 8 Fig. 9
aussi bien pour le transport des voyageurs que des marchandises propriétaire d’une résidence d’été, située à l’est du Beau-Rivage et en collaboration avec la Société de développement de Lausanne. monumentalité, l’autre le pittoresque. Les services communaux
convoyées par le lac. C’est dans cette perspective que sa tête de édifiée en 1866-68 sur les plans de l’architecte genevois Jacques- D’une largeur de vingt-neuf mètres, l’ouvrage projeté est entiè- élaborent un troisième projet qui emprunte aux deux premiers;
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ligne aval est implantée au nord-est du château, à mi-chemin des Louis Brocher . En 1884, il acquiert le château que le Canton avait rement gagné sur le lac ; constitué de deux segments rectilignes et toutefois en novembre 1895, le Conseil communal opte pour le
deux types d’activité présentes à Ouchy. Il va susciter l’essor du tenté de vendre à plusieurs reprises, ce qui suscita l’inquiétude des agrémenté de quatre belvédère hémicirculaires, il s’achève par un premier plan, après des débats nourris et de belles envolées ora-
bâti entre la gare et les rives du lac si bien qu’à la fin du xix siècle habitants qui craignaient de voir disparaître la tour ; appuyés par les rond-point entourant la tour Haldimand, fausse ruine romantique toires telles que celle du conseiller Haller: « Il y a des personnes pour
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Ouchy ne constitue plus un hameau forain mais un quartier de la autorités communales, ceux-ci avaient d’ailleurs fait part de leur opi- érigée en 1831. lesquelles la régularité des plantations, la symétrie des lignes, la netteté des
ville. Aux abords du village, ce sont des constructions de nature très nion par le biais d’une pétition adressée au gouvernement cantonal À l’automne suivant, alors que l’administration communale ouvrages d’art, ont plus de charme que l’imprévu ou l’irrégularité pittores-
différente qui vont s’édifier de part et d’autre des voies, immeubles en 1873. Ce dernier en tiendra compte puisqu’il obtient de Mercier étudie la proposition, la Société de développement lance une sous- ques de la nature. Celles-là seront certainement satisfaites. La longue ligne
modestes et même ouvriers jusque dans les années trente à l’est, l’engagement de « conserver à la tour son aspect extérieur, soit sa silhouette, cription à l’attention de « tous ceux qui s’intéressent à l’embellissement droite du parapet, coupée à intervalles réguliers par quelques éperons, qu’a
hôtels et villas à l’ouest. comme souvenir de plusieurs siècles » . Les travaux de démolition, réali- de [la] ville, tous ceux qui veulent que le mauvais passage actuel soit remplacé enfantée l’imagination peu fertile des auteurs du projet, leur procurera une
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L’infrastructure touristique est améliorée en 1880-1882 par la sés sous la surveillance d’un archéologue, mettent au jour les vesti- par un quai digne d’une capitale de 35 000 âmes […] qui veulent réagir grande jouissance. Pensez donc: un kilomètre de parapet en granit, comme
création du jardin anglais au sud-est du château. En partie gagné sur ges de la résidence épiscopale, notamment une baie à remplage. La contre le préjugé d’après lequel, rien à Lausanne, ne se fait avec élan, avec ce sera intéressant et varié vu du lac! Au lieu de la charmante ligne sinueuse
le lac, cet espace récréatif est dû à la générosité d’un membre fon- reconstruction se déroule entre 1888 et 1893. L’architecte Francis promptitude et avec ampleur » . Grâce à ce nouvel aménagement, elle actuelle, une ligne presque droite! il faut que les auteurs du projet aient eu
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dateur de la sio, Édouard Dapples. Le débarcadère, qui se trouvait à Isoz implante le nouvel édifice sur les fondations de l’ancien dont souhaite renforcer l’attrait de Lausanne qui pâtit de la concurrence une vision. Ils se sont représenté la rive actuelle dépouillée de ses prairies et
l’origine devant les jardins de l’Hôtel Beau-Rivage, est alors déplacé il s’inspire en recourant au style néo-gothique. Les divers corps de des localités de la Riviera lémanique : « Comme Montreux et comme de ses arbres et garnie de belles constructions, hôtels, pensions ou maisons
à son extrémité (fig. 6). Dès lors les hôtes des Hôtels d’Angleterre et bâtiments sont organisés autour de la cour que surplombe la tour. Vevey, nous devons tout faire pour attirer à nous la population étrangère particulières; ils se sont crus à Genève, à Nice, à Zurich ou à Lucerne, et ont
Beau-Rivage qui désirent prendre le bateau sont obligés de longer Conservée, celle-ci est toutefois modernisée. Son septième et der- sédentaire. Le quartier d’Ouchy, très abrité de la bise, avec le développement complètement perdu de vue que Lausanne n’est pas au bord du lac, mais
le quai devant le château sur lequel s’effectuait encore le déchar- nier niveau, atteignable par un escalier à vis en métal et même par qu’il a pris actuellement et qu’il peut prendre encore par la suite, avec sa vue bien là-haut sur ses trois collines, au pied de sa cathédrale, autour de son
gement des barques. Ce nouvel état des choses rend nécessaire la un ascenseur, accueillait à l’origine un restaurant qui jouissait, grâce incomparable et assurée, son port animé et le voisinage immédiat d’un centre université et de sa future poste. Oui, en avant d’une rangée de constructions,
réalisation d’un véritable port marchand dont le projet avait déjà aux arcatures sur colonnettes percées dans chacune des faces, d’un comme Lausanne, présentant les nombreuses ressources qui ne se trouvent ce quai serait tout à fait à sa place, mais à l’est d’Ouchy c’est une absurdité.
été évoqué à la fin des années 1870. Il coïncide aussi avec le désir panorama grandiose sur la ville et sur le lac. Aux étages inférieurs, des pas dans d’autres villes, est bien fait pour attirer ce genre de population, à la Au lieu d’embellir, vous gâterez certainement . »
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de la cgn, créée en 1873 suite à la fusion des trois plus importantes baies de formes très variées sont créées tandis que la fenêtre médié- condition toutefois qu’on y crée les agréments qui font le charme des localités C’est en fait l’argument financier qui a fait pencher la balance
compagnies du lac, de déplacer ses ateliers de Morges à Lausanne. vale découverte lors de la démolition est reconstituée et placée au citées plus haut, des promenades larges et plates bien ombragées et soigneu- en faveur du projet initial. Rectiligne, celui-ci peut bénéficier du
La perspective de voir cette entreprise florissante et génératrice de premier étage côté cour. sement entretenues, qui lui font actuellement complètement défaut et en statut de route cantonale et par conséquent de subsides de l’État .
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nombreux emplois s’établir dans la ville convainc les autorités lau- Lorsque l’Hôtel du Château d’Ouchy ouvre ses portes en ont arrêté l’extension . » Les propriétaires bordiers du futur quai ne Les travaux sont menés tambour battant et le quai est inauguré le
sannoises de protéger par des digues le quai occidental sur lequel la 1893, la question de la réalisation d’un quai entre l’Hôtel Beau- veulent toutefois pas entendre parler d’un projet aussi « grandiose » 21 juillet 1901; il est éclairé par vingt candélabres qui constituent la
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compagnie entend édifier ses chantiers navals ; la réalisation du port Rivage et l’embouchure de la Vuachère occupe les esprits. Bordé qui, selon eux, « se justifierait dans une grande ville où il s’agirait de créer, première installation d’éclairage public électrique à Lausanne (fig. 9).
s’étend sur une dizaine d’années pour s’achever en 1896 (fig. 7). de grandes propriétés de maître, le rivage est alors longé par un au bord de l’eau, des quartiers nouveaux et de suffire à une circulation très La dimension urbaine tant redoutée par certains et ardem-
Au même moment l’offre en hébergement, qui n’avait pas chemin de halage battu par les vagues, mais très prisé des prome- active. Mais loin de la ville, au Denantou, pour un nombre relativement res- ment souhaitée par d’autres va faire son apparition non pas le long
évolué depuis l’inauguration de l’Hôtel Beau-Rivage, s’étoffe neurs en raison de « la vue merveilleuse qui se déroule sous les yeux, treint de promeneurs, une construction aussi vaste donnerait l’impression de du grand quai, mais dans le village même qui voit sa partie occi-
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grâce à la reconstruction du château en hôtel à l’initiative d’un l’absence complète de bise en hiver, une température si douce que les jours la solitude, du désert » . Estimant qu’il « ne faut pas gâter la nature pour dentale entièrement reconstruite entre 1904 et 1906, puis s’édifier
important acteur de la vie économique lausannoise, Jean-Jacques de soleil, on se croirait au bord de la Méditerranée » (fig. 8). Formé lui substituer des combinaisons géométriques » , ils présentent le contre- le Beau-Rivage Palace en 1905-1908. Afin de permettre le passage
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Mercier-Marcel. Celui-ci est le principal actionnaire du chemin à l’initiative de citoyens d’Ouchy, un comité dont font partie no- projet d’un quai large de douze mètres seulement qui épouse au du tramway, mis en service à Lausanne en 1896, l’élargissement
de fer Lausanne-Ouchy et de ses entreprises associées, les eaux de tamment les directeurs des Hôtels Beau-Rivage et d’Angleterre plus près les sinuosités du rivage. de la partie inférieure de l’avenue d’Ouchy est indispensable et
Bret à usage industriel et le quartier d’entrepôts dans la vallée du ainsi que le propriétaire du pensionnat installé dans l’actuel Au-delà des intérêts particuliers, s’affrontent deux concep- implique la démolition de la rangée de maisons qui la borde à
Flon où se situe la gare supérieure du funiculaire. Il est en outre Hôtel de la Résidence , élabore en automne 1893 un plan de quai tions urbanistiques, l’une privilégiant les effets perspectifs et la l’ouest. Ces dernières sont acquises par la Compagnie du chemin
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Plan de Lausanne en 1896, détail. Le chemin de halage. Le grand quai vu en direction de l’ouest en 1901-1902.
Photographie, vers 1891. Carte postale, 1902.
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